Le Québec a rejoint le projet pilote international placé sous la direction de l’UNESCO et de l’ISU visant à réduire l’écart entre les sexes dans les professions de la science, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM). Le coup d’envoi officiel du projet sera donné le 1er février par un atelier au Bureau du ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation à Montréal.
Bien que la province ait mis en place des politiques pour promouvoir l’égalité des sexes et que différents organismes recueillent des données sur les progrès des femmes en science et en technologie, des défis majeurs restent à relever.
Les données indiquent que si les femmes représentent la majorité des étudiants inscrits en Licence et en Master dans les universités du Québec, elles disparaissent dans les rangs des chercheurs. Les femmes sont moins nombreuses à s’inscrire dans les filières scientifiques, comme les mathématiques et l’informatique, que les hommes et leur nombre baisse régulièrement.
Cette situation correspond à un phénomène mondial où des facteurs comme la discrimination systématique de genre et l’absence de flexibilité des conditions de travail pour les mères éliminent progressivement les femmes des effectifs des chercheurs. Selon les données de l’ISU, moins de 30 % des chercheurs dans le monde sont des femmes.
En rejoignant l’initiative « STEM et Égalité des genres » (SAGA), le Québec prendra des mesures concrètes pour répondre au besoin urgent de définir et de recueillir des indicateurs plus pertinents pour les politiques sur tous les aspects du rôle des femmes dans les STEM.
L’initiative SAGA
Par le biais de l’initiative SAGA, projet financé par l’Agence suédoise de coopération internationale pour le développement (SIDA), l’UNESCO travaille avec des partenaires dans 10 pays et des organisations régionales pour élaborer une trousse à outils comprenant des méthodologies, des indicateurs et des cadres en vue de produire des données plus précises et d’améliorer l’utilisation des statistiques existantes. Les données serviront de bases factuelles pour mieux cibler les politiques au niveau national, régional et international.
Deux institutions fédérales se sont engagées à être les chefs de file au Québec : les Fonds de recherche du Québec (FRQ) et le ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation.
La professeure Maryse Lassonde, directrice scientifique du Fonds de Recherche du Québec – Nature et Technologies (FRQNT), explique que le Québec a mis en place un éventail de politiques et de programmes pour encourager les étudiants à poursuivre une carrière en science. Les données révèlent que les chercheuses sont toujours bien moins susceptibles de demander des subventions de haut niveau et tendent à avoir moins d’impact ; par exemple, leurs travaux sont moins cités. En réponse, des dispositions ont été prises permettant aux chercheurs de se faire rembourser les frais de garde d’enfant engagés quand ils voyagent pour participer à des réunions internationales. De cette façon, ils peuvent élargir leurs réseaux, ce qui peut déboucher à terme sur une reconnaissance plus large de leurs travaux et leur publication. Elle espère que SAGA contribuera à déterminer si l’on peut établir un lien entre de telles politiques et les changements de la situation des chercheuses.
« SAGA nous aidera à rassembler toutes les sources d’information existantes dans un cadre unique pour voir où il manque des données et si nos politiques et nos programmes ont un impact réel ou non », déclare la prof. Lassonde. « Nous réunissons également l’ensemble des partenaires clés, aux échelons provincial et fédéral, pour avoir une vue complète de tous nos efforts — des programmes scolaires pour encourager les filles à étudier les STEM aux programmes plus généraux conçus pour promouvoir l’égalité des sexes dans l’innovation et l’entrepreneuriat ».
Dans le cadre de l’engagement de la province envers les objectifs de l’initiative SAGA, FRQNT préparera un rapport détaillé sur les politiques et les collectes de données actuellement en place, et sur les mesures que la province prendra pour mettre en œuvre une série d’indicateurs plus complète et comparable pour suivre les leviers et les obstacles à la carrière des femmes en science.
Le rapport sera présenté au Sommet sur le genre de novembre 2017, organisé par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada à Montréal.