Méthodologies et indicateurs pour mettre en lumière les inégalités auxquelles font face les groupes marginalisés
Un nouveau rapport montre comment les pays peuvent mesurer les progrès accomplis en matière d’éducation par les groupes les plus marginalisés pour veiller à ne laisser personne pour compte. L’Objectif de développement durable 4 (ODD4) appelle à assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, inclusive et équitable, couvrant non seulement la parité entre les genres dans l’apprentissage, mais également l’accès à des possibilités d’éducation équitables pour les personnes handicapées, les populations autochtones, les enfants défavorisés et les autres groupes exposés au risque d’exclusion de l’éducation. Pourtant, il est extrêmement difficile aujourd’hui de suivre ces groupes parce qu’ils sont souvent invisibles dans les données sur l’éducation.
Le nouveau Manuel de mesure de l’équité en éducation, rédigé par l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU), le Centre de données sur les politiques éducatives FHI 360, Oxford Policy Management et le Centre de recherche pour l’accès équitable et l’apprentissage (REAL) de l’Université de Cambridge, offre des conseils pratiques sur la méthode de calcul et d’interprétation des indicateurs conçus pour cibler les groupes les plus défavorisés. Il s’adresse à toutes les personnes qui s’intéressent à la mesure et au suivi de l’équité en éducation, en particulier les personnes concernées par la formulation des politiques nationales. Il aborde les lacunes actuelles en matière de connaissances et propose un cadre conceptuel pour mesurer l’équité en apprentissage, en s’appuyant sur des exemples de mesure de l’équité provenant de 75 systèmes d’éducation nationale.
Le manuel explique ce que signifie mesurer l’équité en apprentissage, reconnaissant que l’équité est une question d’ordre politique et qu’elle ne saurait être dissociée des choix politiques. Il examine deux principes clés – impartialité et équité des conditions – qui peuvent déterminer les efforts de mesure.
L’impartialité porte sur l’idée qu’il est injuste de discriminer selon des caractéristiques comme le genre, la richesse ou l’ethnicité quand il s’agit de la répartition de l’éducation. Les mesures de l’impartialité quantifient le degré auquel un intrant pédagogique ou un résultat scolaire diffère selon ce type de caractéristiques.
L’égalité des conditions porte sur la dispersion de l’éducation dans la population, sans considération pour les différences entre les groupes. Bien que l’égalité parfaite des conditions en matière de résultats scolaires ne soit pas possible ou souhaitable, les écarts importants ou croissants entre les personnes les moins instruites et les plus instruites sont susceptibles de susciter des inquiétudes.
Le manuel présente les techniques de visualisation et de mesure relatives à l’impartialité et à l’égalité des conditions, les deux exigences préalables à l’utilisation des données sous-jacentes pour mesurer les deux, ainsi que les avantages et les inconvénients de chaque technique pour avoir une idée de l’ampleur et de la nature de toute inégalité. Il donne d’excellents exemples d’efforts nationaux menés pour effectuer le suivi des progrès accomplis en vue de l’équité en matière d’éducation et d’apprentissage, mettant en évidence les exemples nationaux positifs et soulignant la nécessité d’inclure un éventail plus large de facettes de l’exclusion dans les plans éducatifs.
Enfin, le manuel examine les dépenses de l’État consacrées à l’éducation pour montrer qui en bénéficie, qui en manque, et comment les ressources pourraient être redistribuées pour promouvoir l’équité. Il souligne que dans de nombreux pays, les enfants et les jeunes les plus difficiles à atteindre sont souvent les derniers à bénéficier des dépenses de l’État. Il est simplement plus coûteux de leur garantir une éducation de qualité, compte tenu du coût des mesures pour s’attaquer aux causes profondes de leur désavantage, de la pauvreté à la discrimination – et ceci devrait informer la répartition des ressources.
Alors qu’un financement égal signifie affecter la même somme d’argent pour chaque élève ou chaque école, un financement équitable signifie affecter des ressources supplémentaires pour les enfants défavorisés afin de s’assurer que chaque enfant peut profiter des mêmes possibilités d’éducation. Comme l’affirme le manuel, les progrès accomplis vers la réalisation de l’ODD 4 exigent une répartition équitable des ressources au sein des systèmes éducatifs, les plus défavorisés recevant la part la plus importante des ressources de l’État et payant la part la plus faible de leur poche.
Le nouveau manuel a été motivé par le besoin urgent d’inscrire l’équité en éducation au centre des agendas internationaux, nationaux et locaux pour promouvoir l’accès et l’apprentissage pour tous les enfants, les jeunes et les adultes. Les pays étant mis sous pression de fournir des données à une échelle sans précédent, le manuel reconnait également qu’aucun pays ne peut le faire seul, ce qui est un argument fort en faveur d’une coopération et d’un soutien accrus entre les gouvernements, les bailleurs de fonds et la société civile.